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DOSSIER SPÉCIAL : QI et Intelligence Humaine – Les 10 mensonges les plus répandus sur le QI

Episode 2 : QI, réussite scolaire et professionnelle

Dans l’article précédent, je vous ai présenté le but de cette série d’articles consacrés aux idées fausses les plus courantes sur le QI.

Nous allons débunké les bullshits 5 et 6 :

5. « Être diplômé et avoir de bonnes notes, n’a rien à voir avec l’intelligence »

6. « C’est pas parce que t’es médecin, que t’es intelligent »

En somme, les liens supposément inexistants entre le QI, les performances scolaires et le métier exercé. L’objectif est de faire prendre conscience que le QI est un bon indicateur de la réussite scolaire et professionnelle. Toute une série d’idées fausses sur les conditions de la réussite scolaire ou professionnelle sont acceptées comme vérité. Le problème est qu’une perception erronée de la réalité conduit à une mauvaise prise de décision potentiellement préjudiciable aux futurs choix d’éducation ou de carrière d’un enfant.

 

1. QI et performance à l’école

 

 

“Hé ! C’est parce que t’as des diplômes que t’es intelligent !”

Bah si (1,2).

 

 

On entend souvent deux versions contradictoires : Soit que la réussite scolaire n’a rien à voir avec l’intelligence, soit que le QI ne concerne que l’école et ne révèle que d’une aisance à apprendre bêtement (on y retrouve toujours la dissociation intelligence / QI).

La première, on se l’est tous déjà dit, que tout parent se dit, pour se rassurer. 

Et même s’il existe d’autres facteurs pour expliquer les résultats scolaires comme la conscienciosité ou la motivation, il n’en reste pas moins que l’intelligence est primordiale, et que l’école est très importante pour la réussite sociale (3, 4, 5, 6, 7, 8, 9,10).

Le principal argument qu’on entend, est que l’école ne demande que d’apprendre et de réciter des connaissances, et que ça n’a rien à voir avec la matière grise. 

Vous passerez sûrement pour un grand humaniste en disant ça en soirée, ça n’en reste pas moins faux. Les mathématiques par exemple, sont du pur raisonnement (la capacité intellectuelle par excellence) et font également appel à la représentation spatiale, la logique et la causalité. En ce qui concerne le « recracher les connaissances » pour les autres matières, cela est tout juste valable pour l’école primaire, la plupart du temps les questions sont indirectes, regroupent plusieurs informations qu’il faut se remémorer, trier et associer avant de les organiser et de les rédiger, c’est à dire savoir quoi dire, quoi ne pas dire, mais surtout comment le dire. Non seulement vous faites appel au raisonnement, mais aussi à l’abstraction, l’association et la dissociation des idées, autant de capacités cognitives utilisées au quotidien.

De plus, une fois arrivé en fin de collège, la plupart des examens sont sous forme de rédaction complexe de type commentaire ou dissertation, des exercices intellectuels intenses d’organisation et d’utilisation d’une grande quantité d’informations.

Quand on y regarde de plus près, ça semble tout de suite plus complexe que de la récitation.

La deuxième vient contredire la première lorsque l’on sait que le QI est une bonne mesure de l’intelligence, et est de toute façon fausse pour toutes les raisons déjà citées plus haut.

De plus, toutes les habiletés cognitives de g sont inter-corrélées, donc cet argument de la mémoire ne tient pas.

Critiquer l’école revient à critiquer les tests de QI, c’est la même logique, parce qu’il y a des bons et des mauvais, et soit on fait partie des mauvais, soit notre idéologie égalitariste ne supporte pas cette hiérarchisation (de toute façon inévitable au quotidien). 

En revanche je vous le concède, on peut volontiers dire que le niveau intellectuel requis pour réussir à l’école est en chute libre, ça oui! Il faut par exemple 80 de QI pour avoir le bac de nos jours (11), mais ça c’est un autre débat.

Petite parenthèse pour enfoncer le clou sur ces absurdités, les tests exclusivement portés sur les mathématiques, administrés à l’âge de 13 ans, prédisent des succès étonnants à l’âge adulte (12,13,14, 15).

 

2. QI et monde du travail

 

 

Bah si (1,2,,4,16).

 

 

 

Malgré ce que Le Monde se plaisait à titrer en 2007, « La richesse ne dépend pas du QI » (17), la rédactrice Maguy Day ne semble pas comprendre de quoi elle parle. En plus de dire tout et son contraire (et de ne pas citer ses sources) en se servant de la voiture des professeurs pour expliquer… le faible salaire des professeurs Américains (selon elle) de 4200 euros par mois… Avant de nous dire que :

« Les 2 % de la population qui ont un QI de 130 gagnent ainsi entre 6 000 et 18 500 dollars par an de plus que ceux ayant un QI moyen de 100. »

Est-elle schizophrène ?

En réalité le lien entre l’intelligence et le métier exercé est bien documenté, par conséquent, le lien avec les revenus aussi (4,9,18,10,16). 

 

 

D’ailleurs, selon la méta-analyse de Strenze 2007 : « peu de scientifiques doutent de la relation positive entre l’intelligence et le succès », même si la corrélation entre intelligence et revenus (0.25) est la plus faible de toutes les relations avec les différents critères sous-jacents au succès.

Comme nous l’avons vu au point précédent, il est obligatoire de posséder un minimum d’intellect pour réussir à l’école et faire de longues études. 

En ce qui concerne les métiers, les études parlent de l’importance du QI pour la réussite professionnelle, mais surtout, plus la profession est complexe, et plus l’intelligence est  nécessaire (4,3,6,10,8,18,19).

 

 

Précision importante, il n’est nullement question d’exclure les métiers manuels, au contraire, Linda Gottfredson explique que les métiers de la mécanique et de l’ingénierie automobile et aéronautique sont fortement corrélés au QI, bien que manuels. Et réciproquement, être secrétaire ou hôte/hôtesse d’accueil, ne nécessite aucunement une haute intelligence, bien que ce ne soient pas des métiers manuels (4).

Les seules choses qui déterminent le niveau d’intelligence requis pour un métier, c’est le niveau d’étude nécessaire, la technicité et l’aspect non routinier de ce dernier. La complexité de manipulation de données est corrélée à 0,84 avec l’intelligence générale, et le raisonnement, la planification, l’analyse et la prise de décision y sont corrélés à hauteur de 0,8 à 0,9. Les relations interpersonnelles sont également corrélées à 0,72 avec l’intelligence générale.

 

 

Plus les tâches sont simples et répétitives, moins il est nécessaire d’être intelligent. Nous avions déjà vu que la mesure de l’intelligence dépendait du niveau de complexité des tests (4), et bien cela se confirme également dans le milieu professionnel.

Donc si, un médecin est forcément intelligent. Et l’importance d’autres facteurs comme la conscienciosité, la personnalité ou l’expérience, n’y changent rien, la réussite dans un métier complexe corrèle à 0,65 avec l’entraînement et à 0,62 avec l’expérience, bien en dessous de celle du QI (4).

 

Conclusion

Nous avons vu ensemble que le QI est fortement corrélé à la réussite scolaire et professionnelle. Le QI est un indicateur des ressources cognitives, plus nous en avons et plus nous pouvons investir dans des activités complexes.

D’une manière tendancielle, les professions nécessitant des ressources cognitives élevées ont tendance à impliquer des revenus plus élevés, mais comme je l’ai indiqué, le revenu et le QI sont moyennement corrélés. Par conséquent, il ne faut pas confondre la réussite scolaire et professionnelle avec le niveau de revenu.

Cependant, il est certain que si une personne ne dispose pas des ressources cognitives nécessaires pour mener à bien certaines études (médecine, philosophie, etc.), une mauvaise orientation (en ne refusant pas la réalité cognitive de la personne) conduit à l’échec et à l’auto-dépréciation.

 

Sources : 

  1. Herrnstein & Murray – The Bell Curve (1994).
  2. http://www.douance.org/qi/qicorrel.html
  3. Gottfredson. Schools and the g factor. 2004. 
  4. University of Delaware « Why g matters » : The complexity of everyday life. 1997.
  5. Busato V.V., Prins F.J., Elshout J.J., Hamaker C. Intellectual ability, learning style, personality, achievement motivation and academic success of psychology students in higher education. Personal. Individ. Differ. 2000;29:1057–1068.  doi: 10.1016/S0191-8869(99)00253-6.
  6. Sternberg R.J. The concept of intelligence and its role in lifelong learning and success. Am. Psychol. 1997;52:1030–1037. doi: 10.1037/0003-066X.52.10.1030.
  7. White, K.R. 1982 (cité in Brand 1996) The relation between socioeconomic status and academic achievement Psychological Bulletin 91, 3, 461-8.
  8. Athanasios S. Drigas and Chara Papoutsi: A New Layered Model on Emotional Intelligence.Behav Sci (Basel). 2018 May; 8(5): 45. Published online 2018 May 2.
  1. Kanazawa S. General intelligence as a domain-specific adaptation. Psychol. Rev. 2004;111:512–523. doi: 10.1037/0033-295X.111.2.512.
  2. Strenze T. Intelligence and socioeconomic success: A meta-analytic review of longitudinal research. Intelligence. 2007;35:401–426. doi: 10.1016/j.intell.2006.09.004.
  3. https://www.causeur.fr/ecole-le-niveau-baisse-qi-laurent-alexandre-inegalites-165899
  4. Lubinski D et al. Psychol Sci. 2014. Life Paths and Accomplishments of Mathematically Precocious Males and Females Four Decades Later. November 2014 DOI: 10.1177/0956797614551371.
  5. Lubinski D, et al. Psychol Sci. 2006. Tracking exceptional human capital over two decades.First Published March 1, 2006. 1467-9280.2006.01685.x
  6. Robertson, K. F., Smeets, S., Lubinski, D., & Benbow, C. P. (2010). Beyond the threshold hypothesis: Even among the gifted and top math/science graduate students, cognitive abilities, vocational interests, and lifestyle preferences matter for career choice, performance, and persistence. Current Directions in Psychological Science, 19(6), 346–351.10.1177/0963721410391442.
  7. Wai, J., Lubinski, D., & Benbow, C. P. (2005). Creativity and Occupational Accomplishments Among Intellectually Precocious Youths: An Age 13 to Age 33 Longitudinal Study. Journal of Educational Psychology, 97(3), 484–492. 10.1037/0022-0663.97.3.484.
  8. Robert A. Gordon. Everyday Life as an Intelligence Test: Effects of Intelligence and Intelligence Context. Johns Hopkins University. 1997.
  9. https://www.lemonde.fr/idees/article/2007/05/14/la-richesse-ne-depend-pas-du-qi-par-maguy-day_909816_3232.html
  10. Coetzer G.H. Emotional versus Cognitive Intelligence: Which is the better predictor of Efficacy for Working in Teams? J. Behav. Appl. Manag. 2016;16:116–133.
  11. Kunnanatt J.T. Emotional intelligence: The new science of interpersonal effectiveness. Hum. Resour. Dev. Q. 2004;15:489–495. doi: 10.1002/hrdq.1117.

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