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Idriss Aberkane chercheur disruptif ou margoulin moderne ?

Nous avons récemment publié un article proposant une méthodologie pour évaluer la qualité d’un chercheur. Nous allons appliquer cette méthodologie à Idriss Aberkane. Très actif sur les réseaux sociaux et les médias en lignes, il y parade en qualité de chercheur. Peut-il y prétendre ? Ou n’est-il qu’un charlatan version 2.0 ?

MAGOUILLE N°1 :

Idriss Aberkane, l’ubu roi de la recherche

Commençons par une première imposture :  Idriss Aberkane n’a de cesse de se présenter comme étant un chercheur. En France ce titre est réservé aux personnes qui ont passé le concours de maître de conférences ou de chargé de recherche. Il va sans dire qu’Idriss Aberkane ne répond à aucune de ces conditions.

Comme l’ont expliqué nos confrères de la Tronche en Biais à plusieurs reprises ([1], [2], [3], [4]) Idriss Aberkane a largement menti sur son parcours. Nous pouvons affirmer qu’il n’est pas :

  • Chercheur à Centrale Supélec,
  • Polytechnicien ou docteur de l’école Polytechnique,
  • Normalien,
  • Chercheur à Stanford,
  • Chercheur à Cambridge.

En particulier il n’a jamais été chercheur invité à Stanford à 20-21 ans (lien). Il n’a effectué qu’une année de césure comme étudiant dans un laboratoire afin de poursuivre sa formation en mathématiques, comme précisé dans la lettre de son directeur de Master de l’époque (lien).

Il n’est pas chercheur affilié à l’université de Stanford mais « affiliated scholar » d’un réseau auquel participe l’université de Stanford, ce qui n’a rien à voir. Idriss joue sur les mots, profitant de traductions peu connues du public. En effet « scholar » peut se traduire par « chercheur, savant, expert… ». Dans son cas cela signifie simplement étudiant.

De même, il prétend avoir été prédoctorant à L’Ecole Normale Sup à 19 ans (lien). Ce qualificatif n’est absolument pas un titre reconnu, c’est une hyperbole absolument ridicule. N’importe quel étudiant qui glande en licence peut se targuer d’être un prédoctorant !  Monsieur Aberkane était simplement étudiant dans une licence gérée par Normale-Sup après admission sur dossier (et non sur concours comme les vrais étudiants de Normal-Sup).

Rappelons aussi que l’école Polytechnique a officiellement démenti tout travail d’Aberkane en son sein. L’un de ses encadrants de thèse était simplement membre de l’école Polytechnique, ajoutant au passage qu’ils n’accordaient « aucune caution scientifique à ses conférences ».

MAGOUILLE N°2 :

Quelle valeur accorder, s’ils existent, aux travaux scientifiques d’Idriss Aberkane ?

Si Idriss Aberkane n’est pas officiellement chercheur, rien ne l’empêche de contribuer à la communauté scientifique, même dépourvu de tout titre officiel, en produisant des travaux de recherches pertinents. Pour vérifier ce point il faut se pencher sur ses dits-travaux afin de déterminer s’il mérite, à la limite, le titre officieux d’independent scholar.

Le RG Score et le facteur d’impact d’Idriss Aberkane

Son profil Researchgate montre qu’il ne dispose d’aucun RG score, aucun profil GoogleScholar ne lui est associé, il ne dispose donc d’aucun facteur d’impact, deux facteurs déterminants pour évaluer la qualité d’un chercheur. Notre article en propose une définition. La qualification de chercheur ou de scientifique est donc impossible à appliquer à Idriss Aberkane. Même un simple étudiant en thèse avec une publication dans une revue à comité de lecture aura un RG Score supérieur à 1, votre serviteur récemment docteur a un RG score de 8 et Didier Raoult a un RG Score de 55 (au jour de la rédaction de cet article).

Aucune revue à comité de lecture n’accepte les travaux d’Idriss Aberkane

La seule publication un peu reconnue dont il est un co-auteur est un résumé de poster de congrès, avec des spécialistes d’acoustique de Cambridge. Mais la publication en revue à comité de lecture basée sur ce poster voit disparaître Idriss Aberkane de ses auteurs. Il était en stage de DEUG à Cambridge auprès de chercheurs d’après son CV en ligne lors de cette période, sa contribution à l’article est donc anecdotique. Ce stage ne lui permet absolument pas de se targuer du titre de chercheur à Cambridge, il n’en avait ni les diplômes, ni le titre et aucunement les compétences.

La revue Sens Public, où Aberkane a publié quelques articles, n’a pas de facteur d’impact, bien qu’il soit mentionné que les articles publiés dans la catégorie Essais soient examinés par des spécialistes. Cette revue n’a aucun impact sur la communauté scientifique mondiale et nous n’avons pas pu trouver de chercheurs qui y faisaient référence dans d’autres revues.

Deux autres de ses publications concernent des « Conference Paper » (Ce sont des articles publiés hors comité de lecture, qui reprennent les données d’une communication orale en congrès) de la « Complex Systems Digital Campus World e-Conference 2015 ». Ce congrès comprend des chercheurs mais n’est pas un congrès de chercheurs. Ces papiers n’ont pas été examinés par des chercheurs comme il se doit dans un contexte de publication scientifique officiel. Ils sont donc scientifiquement sans valeur.

Les autres articles référencés sur ResearchGate n’ont aucun impact sur le monde scientifique. Pratiquement aucune de ses publications n’a été citée, sa seule publication citée deux fois l’a été une fois par lui-même, une autre fois par un doctorant dans sa thèse portant sur le vidéoludique. Aucun scientifique à travers le monde n’a donc trouvé ses travaux  suffisamment pertinents pour s’en servir.

MAGOUILLE N°3 :

Faux diplômes, faux titres, fausses publications

Monsieur Aberkane n’a pas de doctorat en diplomatie, comme l’avait expliqué la Tronche en Biais sur son blog, l’école CEDS ne permet pas de délivrer le titre de docteur. Le site theses.fr qui référence les thèses accomplies en France ne mentionne pas de doctorat en diplomatie pour Idriss Aberkane.  Dans ce domaine,  ses publications sont notées comme écrites par un étudiant, non par un chercheur.

Mr Aberkane n’a jamais fourni l’effort minimum de publier dans une revue scientifique reconnue. Il n’a strictement aucun impact dans la communauté scientifique quel que soit le domaine.

Selon GoogleScholar, Idriss Aberkane est un marchand de tapis

Observons maintenant les résultats lorsque que nous tapons son nom sur GoogleScholar. Ce moteur de recherche scientifique permet de voir les publications, les citations dans les revues à comité de lecture mais aussi les publications universitaires hors du circuit des revues. Si vous n’apparaissez pas dessus c’est que vous n’avez aucune influence sur la communauté scientifique.

Comparons-le avec un vrai chercheur, Frank Ramus, qui dirigeait le Master suivi par Idriss Aberkane, et que ce dernier considère comme quelqu’un de compétent :

Ses livres ont fait l’objet de plusieurs citations, comme montré sur cette image mais aucun ne concerne le domaine des mathématiques, des neurosciences ou de la géopolitique/diplomatie à première vue.

Une bonne part des résultats concerne des vêtements, ce que l’auteur de cet article est incapable d’expliquer à l’heure de sa rédaction.

Qui collabore et qui publie avec Idriss ?

Deux autres critères de qualité présentés dans notre précédent article était la fréquence des collaborations et la régularité des publications.

Au niveau des collaborations multiples, Idriss Aberkane n’en a pratiquement aucune quel que soit le domaine, scientifique ou non. Aucun chercheur n’a donc de considération pour son travail.

Au niveau de la régularité des publications, et malgré ses « doctorats » soutenus et préparés depuis plusieurs années, Aberkane n’a jamais fait l’effort de soumettre des publications à des revues à comité de lecture reconnues, seul critère pertinent pour définir le caractère scientifique officiel d’une production intellectuelle.

Malgré l’intensive recherche nous n’avons pas pu dénicher la moindre trace d’un quelconque travail de recherche scientifique jugé par ses pairs. Il ne répond à aucun critère qui lui permettrait de se présenter comme chercheur et n’est considéré par aucun scientifique comme tel. Nous avons bien affaire à une imposture totale. Idriss Aberkane n’est pas un scientifique, mais un affabulateur de cour de récréation.

Idriss Aberkane et le doctorat, une histoire compliquée.

Le premier problème avec ses doctorats, c’est qu’Idriss Aberkane prétend en avoir trois, alors qu’il n’en a que deux (lien), les maths ne sont pas son fort.                Que valent donc les deux restant ?

Commençons par son doctorat en Science de Gestion et non en Sciences Cognitives appliquées aux sciences de gestion comme il le prétend dans sa publicité BeBooda.

Sur cette thèse, son directeur Jean-Paul Benghozi a dirigé essentiellement des thèses en science de gestion, tout comme son co-directeur Paul Bourguine. La recherche demande un haut niveau de spécialisation, ce doctorat est donc bien un doctorat en science de gestion et pas en sciences cognitives.

Son jury pose un énorme problème au niveau de ses rapporteurs de thèse, qui jouent un rôle primordial dans l’attribution du titre de docteur. Ils sont censés être de grands spécialistes du domaine de la thèse qu’ils jugent. Une thèse valide se devant d’apporter des connaissances nouvelles, ce point ne peut s’apprécier que pour des gens au pinacle de la thématique explorée par le doctorant.

Son premier rapporteur, Pierre Collet est visiblement un chercheur en informatique dans les systèmes complexes. Son second rapporteur, Yves Burnod semble être un biologiste ayant travaillé sur les neurosciences. Le président de jury, Francis Rousseaux est spécialisé en informatique. Le premier examinateur, Charles Tijus, est un spécialiste de la psychologie. L’autre examinatrice, Inès Safi, est une physicienne quantique renommée. Enfin Samuel Tronçon, dernier membre du jury, était probablement l’encadrant industriel de la thèse d’Idriss Aberkane (Un doctorat CIFRE a un volet académique et un autre industriel, avec un encadrant à part au minimum pour chaque volet).

Aucune de ces personnes n’a de compétences en science de gestion, ce qui est inadmissible pour un jury de thèse, supposé être un jury de spécialistes. Seuls des experts de la discipline évaluée sont à-même de comprendre et de juger le travail du doctorant.

Soit le travail d’Idriss Aberkane était si trivial et superficiel que n’importe qui pouvait le juger, soit ce jury était un jury de complaisance qui a donné gratuitement ce doctorat à Idriss Aberkane.

Pour sa thèse en littérature, on retrouve la même irrégularité. Éric Geoffroy, le directeur de thèse d’Idriss Aberkane, a non seulement accepté comme étudiant quelqu’un qui n’avait aucune formation en littérature, mais est en plus spécialiste de l’islam, et pas de la littérature. Il n’a encadré que des thèses en études arabes/orientales/méditerranéennes ou langues étrangères, celle d’Idriss Aberkane est sa première. Édifiant.

Aucun membre du Cercle Cobalt n’a jamais connu de telle pratique dans la recherche, c’est une aberration complète. Imagine t-on un étudiant de sociologie doctorant en physique nucléaire ? C’est absolument ridicule.

Idriss Aberkane, expert en marketing

Idriss Aberkane mentionne le fait qu’il ait donné des centaines de conférence à travers le monde. Toutefois nous n’avons pu trouver son nom mentionné dans aucun congrès de spécialistes des neurosciences ou des mathématiques, ni même de géopolitique.

Exception faite de ses conférences paper mentionnées plus haut, issues d’une conférence annuelle d’un campus nommée « Complex Systems Digital Campus », mais aucune trace n’a été trouvée de son intervention. Un congrès est un lieu de communication entre scientifiques, toute prise de parole d’un chercheur est aisée à retrouver.

Il existe un proceeding (un petit article associé à une communication orale) de congrès d’une commission de réflexion sur l’enseignement écrit avec un certain Cédric Saule, lorsqu’il était étudiant affilié à l’école Normale Supérieure. Proceeding de faible valeur qui n’a eu par la suite aucun succès dans un quelconque domaine .

Monsieur Aberkane n’étant pas chercheur, il n’a pas accès aux congrès scientifiques, sociétés savantes, universités etc… Il n’est affilié à aucune institution scientifique car ce n’est pas un scientifique.

Enfin, au vu de son absence de compétence dans les domaines précédemment cités, nous pouvons supposer raisonnablement qu’une intervention d’Idriss Aberkane dans un quelconque congrès de chercheur serait fortement critiquée et ses travaux déclarés au mieux sans intérêt.

CONCLUSION :

Idriss Aberkane, charlatan de talent

Au cours de cet article nous avons rassemblé des preuves accablantes contre Idriss Aberkane.

  • Idriss Aberkane n’est pas chercheur, quel que soit le domaine.
  • Ses écrits n’ont aucun intérêt scientifique.
  • Il n’a aucun lien avec le monde scientifique.
  • Son parcours professionnel est très largement surestimé pour ne pas dire frauduleux.
  • Un simple débat avec un scientifique montrerait sa profonde incompétence.
  • Idriss Aberkane est un menteur patenté et un excellent sophiste.
  • Les grands médias qui lui ont offert des tribunes, comme LePoint, se font fait avoir en beauté.

Idriss Aberkane gagne sa vie grâce à ses mensonges et ses impostures, tel une version luxe de la voyante de fête foraine.

Pour conclure, nous reprendrons les mots de Nicolas Gauvrit sur Idriss Aberkane, chercheur spécialiste de l’économie de la connaissance :

« Qu’il fasse l’effort minimal requis de définir une connaissance. »

[1] : https://menace-theoriste.fr/idriss-aberkane-icone-fausse-ere/

[2] : https://menace-theoriste.fr/idriss-aberkane-fact-checking/

[3] : https://menace-theoriste.fr/triomphe-du-storytelling/

[4] : https://menace-theoriste.fr/parle-pour-science-idriss-aberkane/

 

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