Introduction
Les droogies du Pr Raoult ont développé un narratif complet permettant d’expliquer comment, pourquoi et dans quelles conditions le traitement de leur gourou permettait de guérir du Covid-19 dans plus de 90% des cas. Nous allons décrypter ce prétendu mécanisme et expliquer pourquoi nous le rejetons.
La stratégie Raoult
La stratégie du Pr Raoult repose sur un dépistage systématique et un traitement, initialement d’hydroxy-chloroquine seule, puis en combinaison avec un antibiotique, l’azithromycine. Cette potion, auquel les zélotes plus rigoureux ajoutent du zinc, est censée réduire massivement la charge virale et empêcher la dégradation des poumons qui mène à la mort.
Le Pr Raoult est parti de deux postulats :
- Le premier est que la charge virale serait quasi nulle une fois en réanimation.
- Le second que l’effet in vitro de l’hydroxy-chloroquine serait directement transposable in vivo
Selon ces conditions, l’efficacité du traitement ne pourrait être évalué que dans le cadre strict d’une prise en charge en début d’infection, idéalement avant l’apparition de symptômes. Cette position permet aux fidèles du raoultisme de dénigrer toutes les études en milieu hospitalier, où seuls les patients ayant des formes graves sont traités. Nous allons vous expliquer pourquoi nous rejetons cette explication qui a tout l’air d’être une invocation de pensée magique.
L’infection virale se poursuit même en réanimation
Nous avons déjà montré que l’hypothèse d’une charge virale inexistante en réanimation était fausse dans un précédent article, sources à l’appui. D’autres éléments sont venus confirmer notre rejet de cette hypothèse.
Le virus est capable d’affecter d’autres organes que les poumons. Cela n’a rien d’étonnant puisque sa porte d’entrée dans les cellules, le récepteur ACE2, est présent dans de nombreux organes : poumon, artères, cœur, rein, peau, moelle osseuse, pancréas, foie, cerveau et appareil digestif.
Or, toutes les mesures effectuées par l’équipe du Pr Raoult, censées démontrer la forte réduction de la charge virale, ne reposent que sur des analyses des prélèvements nasaux.
Pour ne rien arranger, ces prélèvements et les tests RT PCR ont un taux de faux négatif non négligeable, comme le démontre les patients qui sont négatifs un jour puis redeviennent positifs le lendemain dans les travaux de l’équipe du Pr Raoult. Vouloir tracer des courbes de réduction de la charge virale avec autant de risque d’erreur est très aventureux.
Ainsi nous rejetons la thèse d’une disparition de la charge virale chez tous les patients en réanimation au profit d’un risque d’infection généralisée pouvant aboutir à une mort par défaillance des organes internes. Nous tenons à préciser qu’il existe aussi des patients qui souffrent plus de la réaction de leur système immunitaire (choc cytokinique) que des effets directs de l’infection. À ce jour nous n’avons pas de chiffre du ratio entre ces deux profils.
Dans ce cadre clinique un traitement antiviral capable de maitriser le virus dans l’ensemble du corps serait très intéressant.
L’hydrox-chloroquine ne peut pas neutraliser le virus in vivo
La dose fait le poison, de même pour le médicament, et tenter de neutraliser le Sars-CoV2 in vivo avec de l’hydroxy-chloroquine revient à vérifier le principe du bon vieux Paracelse.
D’après Mathieu Molimard spécialisé en pneumologie et en pharmacologie, chef de service de Pharmacologie Médicale du CHU de Bordeaux, neutraliser 50% des particules virales du Sars-cov2 in vitro nécessite une dose d’hydroxy-chloroquine qui correspondrait à la bagatelle de 67 comprimés par jour.
Le problème est dès lors posé : peut-on survivre à une telle cure de potion magique ? Non, la dose mortelle est très largement dépassée, elle se situe à 2g, et il faudrait en ingurgiter 13,4g pour à peine commencer à voir quelques effets.
Conclusion
À ce jour, les travaux sérieux montrent que le traitement du Pr Raoult, à savoir le combo HC+ AZ, ne réduit pas la charge virale et son effet sur la survie des patients semble nul voir même négatif d’après une étude rétrospective en prépublication dont la faible puissance statistique soutient largement la comparaison avec la qualité des travaux du Pr Raoult.
Cette absence d’efficacité est cohérente avec le dosage efficace in vitro incompatible avec le traitement in vivo. L’invocation d’un effet combiné avec l’AZ et le Zinc n’est plus, compte tenu de l’ensemble des données disponibles, qu’une forme de pensée magique.