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Quelle crédibilité pour les Sciences Sociales?

Nous avons déjà évoqué les canulars des « études de complaintes », ainsi que le cas Maffesoli, le fameux postmoderne de « droite ». Mais ces disciplines cachent d’autres affaires sulfureuses qui conduisent à jeter un discrédit, si j’ose dire « systémique », sur ces disciplines.

Diederik Stapel, le faux chercheur en psychologie sociale

Diederik Stapel faisant semblant d’être un chercheur

Professeur à l’Université d’Amsterdam, il a pendant dix ans régulièrement publiés des études complètement bidon. Sa méthode était très simple : il élaborait des questionnaires avec ses étudiants et collègues, les jetait à la poubelle, et remplissait lui-même les bases de données avec des chiffres conformes à ses thèses. Après ce dur labeur il grignotait les friandises censées gratifier les participants aux tests. Cette méthode avait aussi l’avantage d’assurer un débit rapide, il ne produisait pas moins d’une étude par mois. Au final 58 (sur 137) de ses « travaux » seront rétractés, y compris ceux publiés dans des revues de premier plan comme Science. Ses collaborateurs n’y voyaient que du feu. La farce prit fin en 2012 quand trois jeunes chercheurs finirent par douter de ses résultats trop parfaits. L’ensemble de son œuvre falsificatrice (et dix ans de salaire non mérité au frais du contribuable) furent sanctionnés par un licenciement et 120h de travail d’intérêt général. Il serait encore enseignant au Fontys Academy for Creative Industries. Il transmet sans doute à ses étudiants des compétences psycho-sociales très utiles pour réussir une grande carrière avec des compétences réduites.

Christopher Dummitt, l’historien du genre comme construction sociale

Christopher Dummitt ne sera pas prit par la patrouille, mais par sa conscience. En effet elle n’est pas une construction sociale mais un trait génétique commun aux animaux sociaux

Historien canadien, spécialisé dans l’étude du genre, il a avoué dans un article dans Quillette, traduit par Peggy Sastre dans le Point, avoir bidonné ses travaux. Sa méthode, en trois étapes, est simple:

1- Relativiser la notion de genre en montrant que certaines références peuvent changer dans le temps, comme les couleurs (rose/bleu) ou les vêtements (bas).
2- Associer les manifestations du genre à un enjeu de pouvoir, reprenant là les obsessions de Michel Foucault, Pape de pensée postmoderne et père de la théorie du genre qui sera plus tard accouchée par Judith Buttler
3- Conclure que le genre n’est qu’un système d’oppression patriarcale.

A partir de ce schéma il suffit de faire de cherry picking pour mettre en adéquations des faits avec les thèses qu’on veut défendre. Il est très aisé, en utilisant un peu de méthode scientifique, de déconstruire ce schéma:

1- Au delà de quelques détails esthétiques on retrouve des constantes anthropologiques fortes: dans toutes les civilisations humaines, y compris celles qu’on peut décrire comme très égalitaires, les femmes sont plus tournées vers le foyer, leurs valeurs sont la beauté, la jeunesse, la grâce, la gentillesse, la douceur. Les hommes sont tournés vers l’extérieur, ils doivent être courageux, matures, productifs, protecteurs, combatif et résiliant. Les neurosciences démontrent qu’ils existent des différences d’aptitudes et d’attitudes cognitives entre hommes et femmes. Les transgenres ont aussi des configurations cérébrales distinctes.
2- Même dans les rares sociétés matriarcales les rôles genrés persistent. Dans ces sociétés se sont souvent les filles cadettes (Musso en Chine,  Khasis en Inde), jugés plus jeunes et plus fertiles, qui héritent des positions de pouvoir, alors que dans les sociétés patriarcales ce sont toujours les ainés.
3- Les différences n’impliquent par forcément un rapport de domination illégitime et inefficace. Nier les différences pour supprimer toutes hiérarchies n’a aucun sens, c’est même contre nature car les humains font naturellement des hiérarchie.

Le canular de Peter Boghossian et James Lindsay : le pénis est une construction sociale

Peter Boghossian et James Lindsay, des trolls de compétition pour démasquer les faquins.

Inutile de décrire en détail ce chef d’œuvre, le résumé se suffit à lui-même :

Anatomiquement parlant le pénis pourrait exister, mais en tant que femme transgenre non-opérée ayant aussi un pénis anatomique, la masculinité du pénis est une construction incohérente. Nous soutenons que le concept de pénis est mieux compris non pas comme un organe anatomique mais comme une construction sociale isomorphique performant la masculinité toxique. A travers une critique poststructuraliste discursive et des exemples de changement climatique, cette étude remet en cause le trope social dominant et préjudiciable selon lequel le pénis est un organe sexuel masculin et lui réassigne un rôle plus approprié d’un type de performance masculine.

Comment un canular aussi grotesque a pu être publié ? Les auteurs l’ont d’abord soumis à NORMA: International Journal for Masculinity Studies. Cette revue l’a refusée mais à proposée aux auteurs de l’envoyer à Cogent Social Sciences, soit disant selon un processus automatique, le tout en prétendant à postériori, qu’ils avaient bien conscience que c’était 100% bidon. Cogent Social Sciences se défendra en rejetant la faute sur les relecteurs, ces derniers n’auraient pu détecter la supercherie car n’étant pas spécialiste du domaine (sic).

Eric Fassin : incarner le canular ?

Hey Hey Ho j’avale l’argent de tes impôts

Canulars, bidonneurs, les sciences sociales semblent particulièrement perméables. Pour en comprendre les raisons il faut se pencher sur le cas du très médiatique Eric Fassin. Sociologue à l’Université Paris VIII, Eric Fassin est avant tout un militant politique d’ultra gauche. Young Leader, il introduit en France les élucubrations de Judith Butler, papesse de la théorie du genre comme construction sociale. Cet apport plus que dispensable lui permettra néanmoins d’être lauréat du prix Lyssenko 2012.

Bien que payé par l’état français, Fassin ne fait absolument pas parti du camp « républicain ». Fassin est un grand défenseur des théories « intersectionnelle ». Loin d’être une école de pensée complexe, l’intersectionnalité est un amalgame contre nature d’élucubrations fantasmagoriques dont la seule fonction est de donner un lustre académique à toutes les manifestations de la haine des hommes blancs cis hétéro et plus généralement de la civilisation occidentale.

Eric Fassin est un grand promoteur de l’islamisation. Il s’oppose à la laïcité qu’il juge « islamophobe ». Il soutient la discrimination raciale contre les blancs, comme lors de l’affaire des camps d’été interdit aux blancs. En 2017 il s’est insurgé contre la loi sur le harcèlement de rue, prétextant qu’elle viserait les « racisés », reconnaissant de fait le profil ethnique de la majorité des harceleurs. Après les viols de Cologne il a violemment critiqué l’écrivain algérien Kamel Daoud, rejetant toutes explications culturalistes. Fassin considère que l’anthropologie culturelle n’est qu’une étape vers les discriminations raciales.

Autre performance de cet infatigable redresseur de tord furent ses attaques contre Hugues Lagrange, auteur de l’excellent Le déni des cultures. A l’aide de données fiables, H Lagrange parvint à relier les structures familiales maliennes, inadaptés à la société française, et la surdélinquance des enfants issus de ses foyers. HL répondra aux dénégations de Fassin de manière magistrale en balayant l’unique « argument » intersectionnel « c’est la faute à la police ».

Finalement quelle est la production scientifique d’Eric Fassin ? Du côté des revues scientifiques à comité de lecture Eric Fassin est pour le moins discret. Avec seulement 13 citations sur Persée (sa Némésis Hugues Lagrange en a deux fois plus) il est, scientifiquement parlant, un nain. Même des figures très controversés comme Séralini peuvent se targuer d’une carrière autrement plus solide et sérieuse.

Sur sa page du CNRS Eric Fassin annonce certes une centaine de publications, mais il semble confondre journaux en ligne comme AOC et authentique revue scientifique à comité de lecture indépendant. Il faut dire que la qualité de ces « travaux » lui ferme l’accès à des publications digne de ce nom. Le résumé de sa dernière réalisation est assez éloquent :

Cet article porte sur la pertinence nouvelle de la catégorie d’homosexualité dans un contexte où le sexe est devenu la vérité démocratique ultime. Les politiques d’immigration supposent en effet de séparer, dans la migration sexuelle, les « vrais » des « faux ». D’un côté, les juges essaient de définir l’homosexualité par des critères objectifs ; de l’autre, ces migrant.e.s sexuel.le.s doivent négocier leur identité subjective entre des exigences contradictoires. Au lieu de reprendre les discours en miroir de la « libération homosexuelle » et de « l’impérialisme gay », qui supposent tous deux une vérité de l’homosexualité (occidentale ou non-occidentale), nous analysons, à partir de deux entretiens avec des couples gais binationaux, l’identification comme une performance relationnelle qui, plus qu’un simple rôle, constitue la subjectivité du migrant sexuel.

J’ai soumis ce résumé, sans préciser l’auteur, à mes camarades du Cercle Cobalt. La moitié d’entre eux ont cru que c’était un canular. Dans ces conditions il est facile de comprendre pourquoi des vrais canulars parviennent à passer le filtre des comités de lectures. De nombreux « chercheurs » en sciences sociales ne sont que des faquins produisant du bullshit pour justifier des idéologies extrémistes et haineuses, avec l’argent de vos impôts.

 

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